Rotodesign met en scènes ses créations à La Mercerie?.
Le «petit Versailles» de Magnac-Lavalette accueillait hier une séance de photos pour le lancement du fauteuil «Altesse» de «Qui est Paul?» Deux «folies».
C'est le trône du père Noël, on s'y croirait presque!» Stéphane Delimoges, n'avait jamais installé ses sièges dans le château de La Mercerie. L'éditeur de la ligne de mobilier en polyéthylène «Qui est Paul?», le patron de la société ruffécoise Rotodesign, a investi hier le «Petit Versailles» de Magnac-Lavalette avec «Altesse», son dernier fauteuil. La vedette de sa collection 2012 présentée le mois prochain au salon «Maison et Objets» à Paris.
Un fauteuil «Altesse» derrière la façade versaillaise des frères Réthoré: le rêve! C'est le photographe angoumoisin Yann Calvez, auteur des clichés du catalogue, qui a glissé l'idée à Stéphane Delimoges. Dans le même temps, ce dernier découvrait dans Charente Libre du 13 décembre la marque de vêtements décalée de Fabien Fournier (Fashion Clothes Mystic). «Je me suis dit que ce serait bien de faire des photos avec lui et également avec mon personnel, pour une version plus classique. Deux styles différents.» Le boss embarque dans son sillage trois volontaires: Romain Ryckebusch, 26 ans, le chef d'équipe; Déborah Nigon, 23 ans et Aurelia Ribou, 29 ans, les secrétaires commerciales. Un trio «congelé» dans la froidure matinale de La Mercerie. (Photo de Majid BOUZZIT)
Photo CL
Après la réussite de la première «journée des bénévoles» pour sauver le château de La Mercerie à Magnac-Lavalette (Photo archives Majid Bouzzit), l'association Saint-Étienne prévoit une nouvelle journée ce samedi 26 novembre à partir de 8h30, qui sera consacrée à la poursuite des travaux d'hivernage (taille, abattage, tonte...) afin que le parc soit prêt pour les travaux de printemps et qu'il puisse être ouvert aux visites dès l'été prochain. L'association Saint-Étienne regroupe actuellement entre 120 et 150 membres et donateurs. Elle a récolté un peu plus de 5.000 euros à ce jour. Cette somme sera mobilisée pour la première tranche des travaux qui devrait débuter au printemps 2012, des travaux de mise hors d'eau prioritaires pour la sauvegarde du château. Un maître d'oeuvre (architecte) sera nécessaire. Le conseil municipal va donc lancer une consultation dans les semaines qui viennent pour l'attribution du marché et la désignation d'un architecte, puis celle des entreprises qui effectueront les travaux. Cette première tranche de travaux s'élèvent à près de 300.000 euros. Une journée spéciale «Sauvons le château» est d'ores et déjà en préparation pour le 20 juillet 2012. Inscriptions à la mairie au 05.45.64.92.54; ou auprès de Didier Jobit: 05.45.64.75.60.
Le sauvetage a démarré
Première journée de mobilisation autour du château de la Mercerie, samedi. Le nettoyage du parc était au programme.
La taille des haies participe à la remise en valeur du parc du château. PHOTO Tadeusz KLUBA.
Depuis le mois d'août, l'opération « Il faut sauver le château de la Mercerie » est lancée à Magnac-Lavalette. Le premier acte a été posé par la municipalité qui, en août dernier, est devenue locataire du lieu, par la signature d'un bail emphytéotique de 75 ans (« Sud-ouest » du 23 août). Il y avait urgence à agir, la « folie » de Raymond et Alphonse Rhétoré menace ruine.
Mais, avoir les clefs du château ne suffit pas. Dans la foulée, le maire, Didier Jobit, a lancé une sorte d'appel à la mobilisation générale, bref, aux bonnes volontés. L'heure est à se retrousser les manches pour sauvegarder le château, véritable joyau de la commune. Et l'appel a été entendu. Une association Saint-Étienne patrimoine s'est constituée. « Elle est notamment chargée de collecter les fonds », glisse Didier Jobit. Les donneurs commencent à arriver (5 000 euros reçus). Tout comme les bénévoles de tous horizons. « Les gens viennent de partout. Nous avons des Anglais qui ont proposé de réhabiliter la roseraie », poursuit Didier Jobit.
Nettoyer le jardin
Samedi, ils étaient environ 80 à s'être mobilisés pour cette première journée des bénévoles. Au programme le nettoyage du parc. Pourtant, on avait cru comprendre que la priorité était de refaire la toiture du bâtiment (500 000 € annoncés). « Oui. Mais ce sera la priorité l'année prochaine. Nous ferons les demandes de subventions. Pour cette année, c'était trop tard, les budgets étaient bouclés. Et puis, pour le moment, c'est assez risqué de travailler dans le château. Il n'était pas question d'y entreprendre quoi que ce soit », indique Didier Jobit.
Va alors pour le jardin. Le travail n'y manque pas. « Nous avons soixante-quinze ans pour le remettre en état. J'espère que nous aurons fini avant », rigole le maire.
L'idée est pour le moment de le mettre en valeur avant d'aborder la saison hivernale, de le préparer pour le printemps. Il a fallu élaguer, tailler, faire tomber les arbres morts, arracher les souches de ceux qui étaient tombés lors de la tempête. « C'est un travail de titan. On avance petit à petit », confient deux bénévoles.
Mais personne ne rechigne à la tâche. « C'est normal d'être là. De ne pas laisser ce château à l'abandon. On doit valoriser nos "trésors" de Magnac », lance un homme. « Nous, on a une aire de parapente juste à côté. Il était aussi logique que l'on vienne aider. Et puis le maire est sympa et fait beaucoup pour sa commune », ajoute un membre de l'association Le rêve d'Icare. Dans le château, on constate tout même de l'activité. « Une équipe est en train de relever toutes les citations qui se trouvent dans les pièces. L'idée est d'en faire ensuite un livre », affirme Didier Jobit.
De Gaulle, Mitterrand
On y rencontre Pierrette Barraud, conseillère municipale de Magnac. « Ma tante était la secrétaire de Raymond Réthoré, le député. Quand je sortais de l'école, je passais toujours par là. Les deux frères, je les considérais comme des grands-pères. Ils étaient vraiment très gentils », affirme-t-elle. Pour elle, participer au sauvetage tient de l'évidence.
Elle se souvient de la roseraie : « Ils avaient planté plus de 300 rosiers. Ils les avaient plantés eux-mêmes. Ce sont eux qui m'ont donné l'amour des roses », sourit-elle.
Et d'entraîner le visiteur dans les dédales d'un château qu'elle connaît par cœur. Du bureau de Raymond Réthoré d'où on a une vue superbe sur la campagne environnante, - « J'y ai vu passer le général de Gaulle, Georges Pompidou et François Mitterrand » - à la superbe pièce dite « à baldaquin », toute recouverte de bois sculpté et de peintures. En passant par la galerie des glaces miniatures, « ils voulaient vraiment que ce soit un petit Versailles », où sont fixés des azulejos gigantesques.
L'empreinte de la mégalomanie des deux hommes diront certains. Peut-être, mais le rêve inachevé des frères Réthoré n'en est pas moins fascinant.
Les bénévoles ont retroussé leurs manches samedi au château de La Mercerie. Ils ont nettoyé une partie du parc. Ce n'est que le début d'un gigantesque chantier.
Samedi, près d'une centaine de personnes a travaillé dans le parc de 50 hectares du château de La Mercerie. (Photo Majid BOUZZIT)
Les bénévoles n'ont pas manqué le rendez-vous. Dès 8h30 samedi, les premiers sont arrivés dans le parc du château de La Mercerie de Magnac-Lavalette. Dans la journée, plus de 80 personnes ont pris la pelle, le râteau, le taille-haie, la tronçonneuse ou une simple paire de gants. Beaucoup de monde a répondu à l'appel de l'association Saint-Étienne Patrimoine qui tente, avec la municipalité, de sauver ce magistère minéral. Six équipes se sont réparti le travail, dont une à l'intérieur pour recenser toutes les citations des frères Réthoré retrouvés sur les murs. Même des entreprises ont prêté du matériel, comme Mickaël Bouston, un maçon de la commune venu avec un camion élévateur pour faciliter l'élagage en hauteur. Et Super U a fourni le repas, sans même apposer une seule pub. Juste pour participer. Samedi, on a arraché des souches d'arbres, on en a coupé d'autres, taillé une partie des allées en buis. «On veut surtout essayer de mettre ce parc en hivernage pour pouvoir l'utiliser l'année prochaine», explique Didier Jobit, le maire, heureux de ce bon coup. Surtout depuis que la commune est devenue, depuis août, le locataire des lieux avec un bail emphytéotique de soixante-quinze ans. De quoi voir venir. Expositions et animations culturelles Alors avec l'association Saint-Étienne Patrimoine, on peut se prendre à rêver. Jean-Luc Lamigeon est de ceux-là. Outre le site internet qu'il a conçu, ce compositeur veut croire que «l'on pourra y revoir des expositions et des animations culturelles». Il est venu d'Arcachon. Mais il a ses racines sur place. «Ma belle-mère y a même travaillé comme gardienne. Je me souviens avoir joué dans ce château, avoir vu les frères Réthoré recevoir des artistes.» Samedi, on a travaillé essentiellement à l'extérieur. «Certaines parties à l'intérieur, dans le château ancien, sont trop abîmées. Ce serait dangereux. Nous avons lancé des études, demandé des aides et j'espère bien que d'ici l'hiver 2012, ce château sera hors d'eau», veut croire Didier Jobit. Un optimisme porté par toute une commune, alors que pratiquement rien n'avait été fait sur place depuis trente ans.
Les visiteurs d'Esprit'Libre ont pu constater l'état de délabrement des lieux. Photo CL
Désireux de soutenir l'action de sauvegarde du château de La Mercerie à Magnac-Lavalette, un groupe de l'association Esprit 'Libre de Rougnac s'est rendu sur place mercredi. Accueilli par Didier Jobit, le maire de Magnac-Lavalette, la quinzaine de visiteurs a pu constater les dégâts occasionnés par le temps sur le monument et mesurer l'urgence des travaux à réaliser. D'autant plus surpris que certains y venaient pour la première fois. «Notre objectif premier est de sauvegarder le petit château dont la toiture menace de s'écrouler puis de faire revivre ce patrimoine abandonné depuis plus de trente ans», argumente Didier Jobit, assurant que «des propositions sérieuses sont actuellement à l'étude».
Le parc et la forêt ont ensuite attiré les visiteurs qui ont savouré la quiétude du lieu et imaginé ce que pourrait devenir cet endroit hors du commun. «Nous allons apporter notre modeste contribution à la rénovation de ce château en fonction de nos possibilités » a conclu Nadine Richon, la présidente d'Esprit 'Libre, touchée par la détermination des bénévoles.
L'association Saint-Etienne Patrimoine qui gère le site, organise une journée rassemblement de tous les bénévoles pour commencer les travaux d'entretien le 15 octobre
La mairie a signé hier un bail de 75 ans avec le propriétaire du château de la Mercerie.
C'est fait. La mairie de Magnac-Lavalette est bien locataire du château de la Mercerie. Le maire Didier Jobit a signé hier matin un bail emphytéotique de soixante-quinze ans avec Antoine Ménard, PDG de Foncière Volta, la société immobilière parisienne qui en est propriétaire. Le coup d'envoi, mieux, « les fondations », dixit l'élu, d'un rêve presque aussi fou que celui des Réthoré, les frères bâtisseurs : engager enfin la restauration des lieux, abandonnés depuis une trentaine d'années. Et parer au plus urgent en offrant une nouvelle couverture au logis, qui menace ruine.
« Opération de mécénat »
Et parce qu'un tel projet reposera en partie sur la bonne volonté des uns et des autres, institutionnels comme bénévoles, tout le monde était convié hier matin au château. Une petite centaine de personnes a répondu présent. Pierrette, 59 ans, n'y avait plus remis les pieds depuis une visite scolaire. « J'avais à peine 14 ans ! On enlevait ses chaussures pour ne pas abîmer les parquets cirés… Quand je vois ce que c'est devenu, ça fait mal au cœur. » Antoine Ménard était de la réception. Si son entreprise a hérité des lieux au détour d'une transaction immobilière (lire « Sud Ouest » de samedi), financer sa restauration était une autre affaire : « Ce n'est pas notre créneau, assure-t-il. Il faut des moyens, une présence locale… C'est d'ailleurs le drame de ce château. »
Approché par Didier Jobit, Foncière Volta s'est ainsi laissée convaincre de monter une « opération de mécénat ». Et son PDG n'exclut pas d'éventuelles « opérations sur Paris » au bénéfice de la Mercerie. « Il faut trouver des financements nécessaires, c'est un travail de longue haleine. Pour adhérer à ce projet, il faut une vision à long terme. Maintenant, l'histoire reste à écrire. » Entouré d'élus locaux, Didier Jobit n'a eu de cesse d'encourager chacun à adhérer à l'association de sauvegarde du site : « Maintenant, on est maître du destin du château. » Il faut 500 000 euros et l'huile de coude des bénévoles espérés pour engager les travaux d'urgence.
Signature hier du bail entre la mairie de Magnac-Lavalette et le propriétaire de La Mercerie. Des mécènes ont ouvert le porte-monnaie. Les anciens se rappellent.
Photo Majid BOUZZIT.
Nelly, «sous le choc des azulejos», s'est empressée de sortir un billet de 10 euros. Pierre, «enthousiasmé par l'architecture et les fresques», a extirpé 20 euros de sa poche. Françoise, «inquiète de voir cet extraordinaire patrimoine se dégrader», a signé un chèque de 50 euros. Hier, au cœur des ruines du petit Versailles charentais, à Magnac-Lavalette, de nombreux mécènes anonymes ont apporté leur pierre à l'édifice et répondu à l'appel «Tous ensemble pour sauver le château de La Mercerie».
Ils étaient une centaine rassemblés dans l'ancien empire des frères Réthoré, témoins d'un moment symbolique: la signature entre la mairie et le propriétaire du domaine, la société foncière Volta, d'un bail emphytéotique de 75 ans. Selon les termes de l'accord, les bâtiments et le parc de 50 hectares sont mis à disposition de la collectivité moyennant 1 euro, avec une «obligation de ne pas dégrader les lieux». «Le début d'une grande histoire permettant enfin de redonner vie à ce patrimoine populaire de proximité», s'enflamme Didier Jobit, le maire de Magnac-Lavalette. «Nous rendons d'une certaine manière ce château au citoyen», commente Antoine Ménard, président de la Foncière Volta, société immobilière au patrimoine de 150 millions d'euros.
Hier, l'entrepreneur a pris le soin de donner une autre image du monde des affaires: «Nous sommes devenus propriétaires de ce site en 2008 en acquérant un certain nombre d'actifs [le château appartenait jusqu'alors à l'antiquaire Bernard Steinitz, NDLR]. Mais notre spécialité, ce sont les immeubles de rendement. Aujourd'hui, notre participation à cette renaissance passe par le don du château. En attendant de monter des opérations de mécénat à Paris.» L'accord et la visite proposée à cette occasion ont aussi permis à de nombreux Charentais de découvrir ou de redécouvrir un lieu qui fait partie du paysage.
«Ce château, je l'ai bien connu, se souvient Christian Vérisson, ancien maire de Villebois-Lavalette, natif de Magnac-Lavalette. Ma grand-mère a été gouvernante ici, mon père a travaillé dans ce lieu et moi, quand j'étais chauffeur, j'ai livré les deux grandes colonnes qui sont à l'entrée.» «Je n'ai pas oublié Monsieur Alphonse et Monsieur Raymond [les frères Réthoré, NDLR], se rappelle avec respect Georges Héraud, exploitant agricole à la retraite. On pouvait venir ici quand on avait un problème. Ils étaient toujours là pour les régler.» Au milieu des visiteurs, Angélique Maspeyre a réalisé un vieux rêve hier: «Ça fait trente ans que j'habite dans le secteur. Trente ans que je vois le château tous les jours depuis le bord de la route. Trente ans que je me dis que j'aimerais le visiter.»
La commune reprend en main le fameux château des Réthoré pour mieux le restaurer.
Sous l'apparat des belles pierres, le château de Magnac-Lavalette menace ruine. (Photo isabelle (LOUVIER).
Il fait tourner les têtes sur l'étroite départementale 81. L'éclat de la pierre blanche, l'incroyable galerie à ciel ouvert qui court le long du coteau, le panorama étoilé sur la campagne alentour. À Magnac-Lavalette, le château de la Mercerie a beau imposer son lustre inachevé au détour d'une route de campagne, il menace ruine. Ainsi file le rêve des frères Réthoré, ses propriétaires bâtisseurs décédés dans les années 1980. Peut-être le domaine devra-t-il sa renaissance au bail de soixante-quinze ans que la mairie signe lundi avec Paris Périph, la société immobilière parisienne qui a hérité des lieux au hasard d'une transaction avec Bernard Steinitz.
Jamais le fameux antiquaire n'avait entrepris les moindres travaux à La Mercerie, lui qui en fut l'acquéreur enthousiaste à la fin des années 80. Ont disparu des dizaines et dizaines de tableaux, les statues scellées le long de la galerie, des cheminées entières. Vendus, dispersés. Et puis le temps a fait son œuvre. Ici et là, des carreaux cassés remplacés à la hâte par des plaques de bois. Pire, des planchers vermoulus, la toiture piquée de trous, l'eau de pluie qui s'écoule long des murs mousseux. Le maire Didier Jobit fait la visite. Dans les combles, une poutre maîtresse accuse le coup. « On a mis des étais partout. Si le mur bouge, il entraîne les pierres de taille et tout est perdu. Il tiendra un hiver, maximum. » Un des deux molosses chargés de veiller sur les lieux depuis le vol d'une peinture et du buste d'un frère Réthoré, fin juillet, a même traversé un plancher. Sans mal.
Bonnes volontés
L'heure serait ni plus ni moins au sauvetage du château des Réthoré. « Tout de suite », martèle Didier Jobit.
Une fois le bail signé, l'association patrimoniale de la commune entrera en scène. À elle « de récolter les fonds et de gérer les bénévoles ». Dons, appel aux fondations, aux collectivités locales, à la Direction régionale des affaires culturelles dûment sollicitée (les azulejos carrelés et la façade sont inscrits à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques) : il s'agit de réunir suffisamment d'argent pour engager les travaux de couverture, le plus urgent. « 500 000 euros », estime l'élu.
Boucler le tour de table est une chose. Didier Jobit veut aussi croire en un élan de bonnes volontés locales : « Ce ne peut pas être le fait d'une commune. S'attaquer à ça, c'est une aventure humaine. On peut se dire deux choses en visitant les lieux : c'est une horreur à entretenir ou c'est un héritage merveilleux, ne serait-ce que parce qu'il ne laisse personne indifférent. »
Alors, oui, Didier Jobit rêve aussi à une ouverture au public, une fois le château tiré d'affaire. Peut-être bien un musée, et pourquoi pas des spectacles en prime : « Il était fait pour ça. Il y avait 20 000 visiteurs par an dans les années 80. C'était la volonté des Réthoré. » Aussi dégradées soient-elles, les pièces du château troublent le visiteur. Tapisseries de bois ou de bas-reliefs gravés dans la pierre de Pons, enfilade de citations empruntées des grands auteurs : elles livrent un peu de l'intimité des frères Réthoré, fondateurs anachroniques du petit Versailles charentais.
C'est à l'unanimité et néanmoins à bulletins secrets que le Conseil municipal de Magnac-Lavalette a voté pour la signature du bail, après un an et demi de pourparlers avec la société parisienne. Principale condition inscrite sur le document que signeront les deux parties, lundi matin chez le notaire avant de se rendre au château (1) : « Obligation de ne pas dégrader les lieux. » Tout est dit.
(1) Le public est invité à la signature du bail lundi 22 août, à 11 h 30, sur l'esplanade du château.
La Mercerie, le château des Réthoré, menace ruine. Un plan pour le sauver est en passe d'être bouclé.
Le château de la Mercerie (ici en 2006), marqué de l'empreinte des frères Réthoré, a besoin de travaux en urgence. (Photo archives isabelle LOUVIER)
D'ici à la fin de l'été, si tout va bien, un « plan de sauvetage » du château de La Mercerie, à Magnac-Lavalette sera annoncé. Et le maire de la commune, Didier Jobit (également conseiller général) pourra pousser un ouf de soulagement.
Ce château, sorti au cours du XXe siècle de l'esprit des frères Réthoré à partir d'un petit logis bourgeois préexistant, est à nul autre pareil : il étire une façade - sans rien derrière - sur plus de 200 mètres ! La vision est sidérante.
Il y a urgence
Mais laissé sans soins par son ancien propriétaire, l'antiquaire parisien de renommée internationale Bernard Steinitz, la bâtisse s'est dégradée. Les tempêtes n'ont rien arrangé. Aujourd'hui, il y a urgence.
« Les poutres maîtresses ont cédé à l'intérieur de la maison bourgeoise », explique Didier Jobit, qui tire des sonnettes d'alarme depuis l'année 2000. Mais que faire quand le propriétaire semble totalement s'en désintéresser ?
« Mes deux objectifs sont : 1) sauver le château ; 2) en faire un outil de développement », résume l'élu. Le tournant a eu lieu il y a un an et demi, quand la société parisienne propriétaire a été rachetée par une autre société. Face à l'élu, l'interlocuteur n'est plus le même. Le nouveau propriétaire semble, lui, concerné par le devenir du château - sans pour autant vouloir le vendre. Il n'empêche, cette ouverture a permis de se pencher enfin sur l'élaboration d'un plan à partenaires multiples, pour sauver cet ensemble extraordinaire de la ruine. Tout n'est pas bouclé. Une estimation est en cours pour tenter d'évaluer le montant nécessaire aux travaux. La Direction régionale des affaires culturelles est ainsi passée la semaine dernière pour analyser l'état du château. Mais pour la première fois depuis bien longtemps, une solution est en vue.
« Petit Versailles »
Dans le château, il reste quelques éléments de valeur : cheminées, boiseries, la grande galerie des azulejos… Les œuvres d'art accumulées par les frères Réthoré ont été vendues.
Raymond Réthoré, député et maire de Villebois, et son frère Alphonse, architecte, avaient reçu la propriété de leur oncle en 1923. Ils avaient voulu en faire un Grand Trianon, un « petit Versailles ». L'édifice est resté inachevé faute d'argent.
C'est en 1988 que La Mercerie a été vendue par le légataire universel de Raymond Réthoré à l'antiquaire Bernard Steinitz. Cette même année, des éléments du château ont été inscrits aux Monuments historiques.
N. T.
Le maire de Magnac-Lavalette veut sauver l'héritage des frères Réthoré. Il devrait signer un bail avec les propriétaires d'ici la fin de l'été. Mais la plus grande discrétion entoure le projet.
La Mercerie pourra-t-elle être sauvée? C'est le souhait le plus cher de Didier Jobit, le maire de Magnac-Lavalette. (Photo archives CL)
Une nouvelle vie pour La Mercerie, l'ancien château des frères Réthoré à Magnac-Lavalette ou énième épisode d'un feuilleton à rebondissements? «Il va se passer quelque chose au mois d'août. Il y a d'énormes travaux à réaliser pour qu'il ne s'écroule pas. Il faut bien trouver des solutions adaptées», reconnaît Didier Jobit, le maire, qui entretient des «contacts privilégiés» depuis un an et demi avec le propriétaire, la société immobilière Paris Périph. «On est en discussion. On est conscient de l'importance de ce patrimoine pour la région mais il n'a jamais été question de cession», précise Antoine Ménard, responsable de la société parisienne. De source proche du dossier, on pourrait s'acheminer vers la signature d'un bail emphytéotique, un bail de location longue durée qui confère au locataire un droit réel sur le bien immobilier, charge à lui de réaliser les travaux d'amélioration nécessaires. Cette formule pourrait permettre de sauvegarder ce manoir du XIXe siècle et son imposante façade versaillaise: 220 mètres qui se dressent dans le ciel, sur la route de Torsac à Villebois-Lavalette. De son château villeboisien, Norbert Fradin porte un regard attentif sur son voisin, en décrépitude depuis la tempête de 1999. Pas question pour ce passionné d'histoire et de patrimoine de s'impliquer financièrement dans un lieu qui ne lui appartient pas, mais il n'exclut pas «un léger partenariat». Il rêve même d'une synergie autour de tous les édifices du Sud-Charente en y incluant Chalais. «Pour donner sa propre autonomie à ce territoire coincé entre Angoulême et la Dordogne.» Un pas sera-t-il franchi le mois prochain? Sous quelle forme? On parle de «salles de réception» et de «résidences artistiques» à La Mercerie. On évoque aussi un lancement de souscription.