Il n’y a pas de trêve au château de La Mercerie à Magnac-Lavalette. Les visiteurs, près de 10.000 à l’année, peuvent constater l’agitation qui y règne. L’illumination du 14 Juillet passée, le calme est loin d’être revenu.
Il faut s’exiler dans la roseraie, où l’on peut encore parrainer l’une des cinq centsroses en versant 10 euros, pour retrouver le calme à l’ombre de la forêt.
Cette forêt qui devrait accueillir l’an prochain une vingtaine de cabanes bulles posées par un promoteur, pour héberger les touristes.Une opération gagnant-gagnant. «Il nous versera 10 euros par nuit», confie Didier Jobit, le maire de Magnac-Lavalette et conseiller départemental, toujours en quête de subsides pour poursuivre la restauration entamée il y a cinq ans.
«Une belle aventure humaine». Une aventure qui n’est pas près de s’arrêter. Le chantier est permanent.Les charpentes et les couvertures terminées, il faut aménager la bibliothèque et les salons. Redessiner les moulures à l’ancienne avec l’aide du dernier staffeur angoumoisin. Terminer l’esplanade qui s’étend devant la façade versaillaise. «On a déjà ramené 260 camions de terre et de gravats. On refait toutes les allées.À la Toussaint, on replantera les haies de buis. Les visiteurs reviennent d’une année sur l’autre.On est obligé d’avancer», s’enflamme l’élu, tout à la métamorphose du site.
Une métamorphose conduite avec le concours de quelque 250 bénévoles qui se partagent le boulot.Mieux, ils se forment avec une staffeuse, quand il s’agit de reproduire à l’identique 3.350 feuilles d’acanthe, un motif ornemental en staff très utilisé dans l’architecture classique.
La petite entreprise de La Mercerie tourne bien. Elle suscite des envies, comme celle de la Grange aux arts, qui souhaitait y réaliser une exposition. Jean-Marie Cousset et Jean-François Goumard, deux des membres du collectif, n’ont pas hésité à proposer leur propre interprétation du château.Fantastique et onirique pour le premier. Plus classique pour le second.
Les autres artistes –Catherine Alexandre; Nathalie Boncœur; Marc Plantevoet; Alain Villette; Manena Larrain... – montrent un éventail de leur talent. Dans une confrontation inédite avec les azulejos, les faïences portugaises, qui ornent les murs.Une première.
(1) Un staffeur est un artisan d’art qui réalise et met en place des éléments de décoration en staff (mélange de plâtre et de fibres végétales) dans les bâtiments neufs ou anciens en restauration.